Le Bhoutan sans le bouddhisme ne serait pas le Bhoutan. Il pénètre chaque aspect de la vie quotidienne. Il reprend des traditions animistes böns.
Ainsi les drapeaux où sont aujourd’hui imprimés mantras et prières étaient accrochés par les chamanes böns un peu partout. Les bouddhistes en ont conservé les 5 couleurs qui représentent les 5 éléments – bleu (l’espace) blanc (l’air) rouge (le feu) vert (l’eau) et jaune (la terre) mais aussi les éléments de notre corps (reins, poumons, coeur, foie, rate/pancréas). Ces drapeaux étaient utilisés pour apaiser les esprits des montagnes, des vallées et des cours d’eau, craints car capables de provoquer des catastrophes naturelles et des maladies. Avec le bouddhisme ils ont acquis une signification religieuse.
Aujourd’hui des drapeaux blancs sont érigés sur des mâts en bois pour permettre aux défunts de trouver leur chemin vers leur nouvelle vie. Mais récemment le gouvernement bhoutanais s'est alarmé de la menace que ce rite représente pour la forêt: des milliers de jeunes arbres sont abattus chaque année (minimum 108 mâts pour chaque défunt), d’autant plus que les moines déconseillent le réemploi des mâts.
Les moulins à prières font aussi partie du quotidien des Bhoutannais. Constitués d'un cylindre rempli de mantras, ils ont la même force spirituelle que les prières récitées ou imprimées sur un drapeau: la prière se répand dans les airs et purifie le karma (les actions).
La spiritualité s’exprime aussi dans chaque maison. Des peintures élaborées et très colorées en décorent l’extérieur et l’intérieur : conques, animaux mystiques et phallus qui symbolisent chance et fertilité.
Au delà de ces rituels, la foi profonde des habitants envers les enseignements de Bouddha se lit sur leurs visages sereins. La découverte du Bouddha que toute souffrance est inutile et que ses causes doivent être affrontées, notamment par la pratique de la compassion est bien ancrée chez tous. Avec le sentiment d’appartenance, l’acceptation de soi et la coopération entre les habitants tout semble propice à la poursuite du bonheur.
© Liliane Clément Photography