Ici l’atmosphère est sereine, la vie s’écoule selon des rites immuables que rien ne peut perturber. Les sages en méditation, les sadhus dans leur renoncement, les pèlerins tout à leur rituels, chacun se consacre à l'objectif de sa vie, que ce soit la libération de l'illusion , l'arrêt du cycle des renaissances ou simplement la fusion avec la conscience cosmique. Chacun cherche à se dissoudre dans le divin.
Bien avant l’aube on s'y immerge complètement, on boit de son eau et on fait des offrandes. Des familles entières viennent de toute l’Inde! On se purifie!
On vient aussi y mourir et y être incinéré. Environ 300 incinérations par jour sur le plus grand ghat, le Manikarnika Ghat, le plus vieux et le plus sacré de Varanassi. Etre incinéré ici permet de se libérer du cycle des renaissances . Enveloppé dans un tissu brillant, le corps du défunt arrive par les ruelles étroites jusqu’au ghat où il est immergé dans les eaux du Gange puis installé sur un bucher qui est allumé par un proche, le fils en général. Les femmes ne sont pas admises afin que leurs pleurs ne perturbent pas la crémation.
Tous les soirs à 18h sur le plus grand ghat, le Dasashwamedha , a lieu la Ganga Aarti, cérémonie célébrée par les « prêtres » avec musique, feux et encens. Le public, en liesse, participe depuis le ghat et depuis les barques. Puis on descend près du Gange et on fait des offrandes : une bougie au coeur d’une fleur que l’on pousse loin de la rive, acte de purification.
Tous les matins à 5h c’est sur l’Assi Ghat, le plus éloigné. que ça se passe. La cérémonie est suivie d’un concert de cithare et tablas : les habitants y assistent avec ravissement pendant que le jour qui se lève sur le Gange enveloppe le ghat de mystère.
On vient aussi à Varanassi pour se marier, on y fait le tour des temples. Parfois on fait un tour en barque avec la famille.
Les ghats sont surplombés par des édifices majestueux qui ne sont rien d’autre que les palais des maharajas qui venaient en pèlerinage dans la ville sainte. Certains tombent en décrépitude, envahis par la végétation ce qui donne un air encore plus mystérieux. Les vaches trainent partout, les chèvres sont habillées pour l’hiver, on y lave tout le linge de la ville et on le fait sécher sur les escaliers, cet endroit ne ressemble à aucun autre!
La semaine que j’y ai passée a été empreinte de mystère et de spiritualité, de nonchalance et d’intensité à la fois. De belles rencontres m’ont laissé leur marque comme celles de Poona et Benee, 2 étudiants qui m’ont fait découvrir les ruelles étroites de la ville avec leurs temples tous les 10 mètres, leurs métiers et leurs habitants. Je vous les ferai découvrir dans une galerie très prochainement.
© Liliane Clément Photography