J’ai rencontré 4 façons de pêcher au Kerala.
D’abord la pêche traditionnelle à l’épervier lors de mon séjour à Marari Beach, petit village de pêcheurs. Tous les matins, au lever du jour, les hommes viennent lancer leur épervier en espérant rapporter une petite friture à la maison. Mais beaucoup la pratique pour le plaisir car les prises sont très maigres.
Les pêcheurs de Marari Beach pêchent aussi en barque, généralement à 4 ou 5; très souvent ils laissent trainer un grand filet derrière un simple radeau de leur fabrication. Là encore la pêche est généralement maigre mais suffisante pour nourrir la famille pendant quelques jours et en vendre une partie.
J’ai rencontré une autre sorte de pêche, importée de Chine, la pêche au carrelet, que j’ai vu surtout à Cochi.
Enfin à quelques kilomètres de Marari Beach, à Mararikulam se trouve un grand port où chaque matin les chalutiers déversent leur cargaison de poissons, de toute taille, de la sardine au requin. Ces chalutiers appartiennent en général à des propriétaires qui possèdent d’immenses filets et emploient quelques pêcheurs. Les quantités de poissons sont impressionnantes. Le poisson est vendu aux enchères et est ensuite acheminé dans tout le Kerala et à Cochin pour son acheminement dans toute l’Inde.
Il y a quelques décennies, dans les années 70 et 80, il y eut un mouvement de grande ampleur des petits pêcheurs pour défendre la mer et leur pêche car les chalutiers pêchaient toute l’année. Or pendant la mousson c’est la saison de reproduction. La Haute Cour du Kerala a décidé en faveur des travailleurs de la pêche et en 1993, après une longue lutte, la Cour Suprême a interdit la pêche pendant 45 jours durant la mousson. Mais les chalutiers, avec leurs énormes filets, se taillent quand même la part du lion et privent les petits pêcheurs de leur moyen de subsistence traditionnel.
© Liliane Clément Photography