J’arrive à Guet Ndar le soir : c’est un véritable choc, tout me parait si sale, des amas d’immondices partout sur la plage!
Mais au réveil, le lendemain matin, (le village est à 50m de mon hôtel), je comprends pourquoi! Des milliers de pirogue déchargent leur poisson sur cette étroite bande de sable qu’est la Langue de Barbarie. Toute la plage grouille de monde pendant que l’unique route est envahie par les camions frigorifiques et les calèches à cheval.
30 000 tonnes de poissons transiteraient là chaque année et quelques 30 000 pêcheurs vivent ici entassés dans des maisonnettes et des baraques dans les ruelles transversales , non goudronnées. Y circulent charrettes, chèvres, moutons et volailles en toute liberté au milieu des filets qui attendent qu’on les réparent.
C’est une des plus fortes concentration humaine au monde et c’est très vivant! Tout semble bien ordonné car les habitants ont développé des qualités essentielles à leur survie : la gestion collective et associative des problèmes sociaux, dignité et altruisme. Honnêteté et loyauté semblent la règle dans tous les rapports.
En outre chacun se considère propriétaire de son « terrain » puisqu’il était le bien de ses ancêtres. Le quartier entier est un territoire coutumier.
Tous les jours sont rythmés par le poisson. La population masculine est presque exclusivement constituée de pêcheurs qui partent souvent plusieurs jours de suite pour pêcher au large car la sur-pêche par les chalutiers européens et asiatiques a considérablement réduit les ressources.
Beaucoup de femmes se consacrent, en plus de la tenue du foyer, à la vente du poisson ainsi qu’à d’autres activités dérivées de la pêche : le séchage, le salage et transformation.
Les enfants, très nombreux, jouent au milieu des pirogues … avec leurs pirogues miniatures, ou aident les adultes à réparer les filets. Pratiquement tous fréquentent l’école coranique et primaire car l’île est 100% musulmane.
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